[Confédération][3] Semper et Ubique
Par : Gregor
Genre : Science-Fiction , Action
Status : C'est compliqué
Note :
Chapitre 17
Publié le 05/11/13 à 09:59:53 par Gregor
Le soleil commençait à tomber sur la haute cime des arbres adjacents au spatioport lorsque le convoi décolla. Le vol, monotone, ne dura qu’une dizaine de minutes. Ce qu’il restait de l’escouade de Confrère se tenait raide et digne, les visages crispés dans une attitude d’attente plus formelle que de raison. Le souvenir vivace de leur descente sur Prime restait gravé dans leur mémoire, et une pointe d’appréhension les tenaillaient.
L’Ankara avait pourtant effectué un relevé précis de la situation sur Port-Kristian. Aucun système de défense anti-aérienne digne de ce nom ne retiendrait l’armada aérienne. La dizaine de navettes remplis à raz bord de combattant se poserait sans difficulté sur l’astroport dominant la cité, et la défense observée sur place serait très rapidement maitrisé. Flinn avait réussi à argumenter habillement pour faire passer son équipe dans le cortège de tête, ce à quoi Trent avait répondu favorablement tout en arguant qu’il ne serait pas responsables des pertes éventuelles lors de leur prise de position. Le Naneyë n’avait rien ajouté de plus qu’un remerciement poli, et avait annoncé la nouvelle à ses hommes. Et comme eux, à présent, il patientait, décidé à venger les pertes de la veille.
La navette traversa quelques turbulences, avant de se poser sans encombre. Les Externes en sortirent comme d’effrayants pantins, en tenues de combat intégral, fusils au clair et vengeance chevillée au corps. Dès les premières secondes, quelques tirs sporadiques furent échangés. La situation ne fut pas sujette à la moindre interrogation, car moins d’une minute plus tard, le centre de contrôle du lieu tombait entre les mains des forces loyalistes, et les rares survivants étaient soigneusement mis à l’écart du champ des opérations.
- Enfin, nous y voilà, lança Flinn à la cantonade.
Devant eux, en contrebas d’une falaise escarpée au dessus d’un liserée de végétation terne et fragilisé par des glissements de terrains répétés, l’échiquier de bâtiments aux multiples teintes blanches s’étalait dans une cuvette étroite, s’ouvrant sur une baie rachitique où ne paissait aucun navire. Port-Kristian ressemblait davantage à un gros village qu’à centre administratifs solide fondé plus de deux décennies par feu le Très Saint Magister Oddarick. Flinn devinait les principaux bâtiments et les antennes de communications, loin au dessus du brouhaha des rues d’où s’échappait une fine poussière d’ocre. En tendant l’oreille, il aurait pu reconnaitre le ton et l’accent revêche des premiers colons, tout autant que les ordres ridicule de la rébellion qui tenait l’endroit.
- Les coordonnées, sergent Leenk ?
- Toujours les même, mon commandant. D’après les relevé, il s’agit du domicile de l’ancien gouverneur, à mis chemin entre la ville et l’astroport, sur une petite colline. Il nous faudra moins de trente minutes pour y parvenir à pied. Si toutefois, nous ne rencontrons pas de résistance …
- Nous nous en accommoderons, commenta platement Flinn. Vérifiez une dernière fois le matériel, après quoi, nous partirons.
Leenk hocha la tête en silence, et relaya les ordres. Guillhem se rapprocha de son supérieur, et se tourna vers lui, de façon à ce que lui seul l’entende.
- Mon commandant, quand devrais-je … utiliser mes capacités ?
- Garde ton attention sur la route jusqu’à ce que nous nous trouvions à moins de deux cent mètre de la cible. A partir de là, je t’adjoindrais une partie de l’escouade, afin qu’il te couvre. Il serait stupide de te perdre parce que tu aurais perdu contact avec nous.
L’adjudant ne put réprimer un sourire.
- Votre prévoyance me va droit au cœur, mon commandant.
- Rejoins les autres. Plus vite cette affaire sera bouclée, et mieux nous nous porterons.
- Bien, mon commandant.
Guillhem s’exécuta. Flinn leva une main, signe qu’il était temps de partir. En tête de la cohorte, il s’engagea vers une route en terre qui serpentait dans les reliefs, descendant vers la ville.
La demeure du gouverneur portait les stigmates d’une guerre récente. Des traces de suie et de fumées salissaient les beaux murs blanchis, tandis que les grands pots ornementaux qui auraient dû se dresser les terrasses étaient renversés, leur contenu étalé au sol. Leenk, positionné dans un bosquet voisin de la route, dézooma, et reprit un mode de vision standard.
- Dix hommes, mon commandant. Pas d’armements lourds.
- Un visuel correct ?
- Oui, mon commandant.
- Alors tirez-les d’ici. Et discrètement.
L’ordre fila sans tarder. Une dizaine de secondes plus tard, une série de rafale pareille à quelques flèches silencieuses siffla, et les corps des dix ennemis chutèrent lourdement.
- La voix est libre, confirma Leenk.
- En avant, ajouta Flinn.
L’escouade partit au pas de course jusqu’à l’entrée du domaine. Un des cybernautes affectés aux Confrères se chargea de déjouer le système d’alarme du lieu et ouvrit la porte sans que cela ne lui pose de difficultés particulières. Guillhem se rapprocha à nouveau de Flinn, qui, d’un simple geste, lui confirma que son rôle commençait ici. L’humain ferma les yeux, compta les rebelles présents dans les murs, et remonta à la surface de la réalité tangible.
- Douze à l’intérieur. Huit soldats, plus sérieusement amés, et quatre individus qui semblent être des civils, dont deux femmes.
- Parviens-tu à capter leurs pensées ?
- Pas encore, mon commandant. Nous sommes trop loin.
- Donne leur position au sergent Leenk et aux cybernautes. Ils s’arrangeront pour occuper les soldats. Les hommes que je t’ai assigné et toi, vous filez vers les civils. Ce sont sans doute eux notre cible.
- Vous ne savez pas qui est la personne à intercepter ?
- Trop d’informations sur le sujet. Nous devrons improviser.
Guillhem haussa les épaules, et demanda à trois Confrères de se joindre à lui. Sans se retourner, ils s’engouffrèrent dans les jardins, contournèrent par une galerie sans surveillance le gros des ennemis, empruntèrent un escalier de service et se retrouvèrent dans l’antichambre silencieuse d’un bureau. Des voix étouffées lui parvenaient à travers le mur.
- Adjudant Randir, couvrez moi.
L’intéressé ne se fit pas prier. Guillhem se concentra, tenant de percer la coque intangible de leur propos, pour se retrouver, sans le vouloir vraiment, dans la psyché d’une des femmes. Ce qu’il comprit, l’espace d’un dixième de seconde, lui glaça le sang.
- Randir, faites venir le commandant.
- Maintenant ?
- Il y a urgence, répliqua Guillhem. Je ne suis pas sûr qu’il soit ravit de ce qu’il va trouver, mais nous n’avons pas le choix.
- Mais, que se passe-t-il ?
- Leur chef est une femme. Une certaine Miki O’Hara. Et elle a prévu de faire sauter l’astroport.
Malgré les implants qui barraient une bonne partie de son visage, Randir grimaça.
- Le Dieu-Machine nous ait en sa sainte garde, murmura-t-il en prenant contact avec Leenk.
L’Ankara avait pourtant effectué un relevé précis de la situation sur Port-Kristian. Aucun système de défense anti-aérienne digne de ce nom ne retiendrait l’armada aérienne. La dizaine de navettes remplis à raz bord de combattant se poserait sans difficulté sur l’astroport dominant la cité, et la défense observée sur place serait très rapidement maitrisé. Flinn avait réussi à argumenter habillement pour faire passer son équipe dans le cortège de tête, ce à quoi Trent avait répondu favorablement tout en arguant qu’il ne serait pas responsables des pertes éventuelles lors de leur prise de position. Le Naneyë n’avait rien ajouté de plus qu’un remerciement poli, et avait annoncé la nouvelle à ses hommes. Et comme eux, à présent, il patientait, décidé à venger les pertes de la veille.
La navette traversa quelques turbulences, avant de se poser sans encombre. Les Externes en sortirent comme d’effrayants pantins, en tenues de combat intégral, fusils au clair et vengeance chevillée au corps. Dès les premières secondes, quelques tirs sporadiques furent échangés. La situation ne fut pas sujette à la moindre interrogation, car moins d’une minute plus tard, le centre de contrôle du lieu tombait entre les mains des forces loyalistes, et les rares survivants étaient soigneusement mis à l’écart du champ des opérations.
- Enfin, nous y voilà, lança Flinn à la cantonade.
Devant eux, en contrebas d’une falaise escarpée au dessus d’un liserée de végétation terne et fragilisé par des glissements de terrains répétés, l’échiquier de bâtiments aux multiples teintes blanches s’étalait dans une cuvette étroite, s’ouvrant sur une baie rachitique où ne paissait aucun navire. Port-Kristian ressemblait davantage à un gros village qu’à centre administratifs solide fondé plus de deux décennies par feu le Très Saint Magister Oddarick. Flinn devinait les principaux bâtiments et les antennes de communications, loin au dessus du brouhaha des rues d’où s’échappait une fine poussière d’ocre. En tendant l’oreille, il aurait pu reconnaitre le ton et l’accent revêche des premiers colons, tout autant que les ordres ridicule de la rébellion qui tenait l’endroit.
- Les coordonnées, sergent Leenk ?
- Toujours les même, mon commandant. D’après les relevé, il s’agit du domicile de l’ancien gouverneur, à mis chemin entre la ville et l’astroport, sur une petite colline. Il nous faudra moins de trente minutes pour y parvenir à pied. Si toutefois, nous ne rencontrons pas de résistance …
- Nous nous en accommoderons, commenta platement Flinn. Vérifiez une dernière fois le matériel, après quoi, nous partirons.
Leenk hocha la tête en silence, et relaya les ordres. Guillhem se rapprocha de son supérieur, et se tourna vers lui, de façon à ce que lui seul l’entende.
- Mon commandant, quand devrais-je … utiliser mes capacités ?
- Garde ton attention sur la route jusqu’à ce que nous nous trouvions à moins de deux cent mètre de la cible. A partir de là, je t’adjoindrais une partie de l’escouade, afin qu’il te couvre. Il serait stupide de te perdre parce que tu aurais perdu contact avec nous.
L’adjudant ne put réprimer un sourire.
- Votre prévoyance me va droit au cœur, mon commandant.
- Rejoins les autres. Plus vite cette affaire sera bouclée, et mieux nous nous porterons.
- Bien, mon commandant.
Guillhem s’exécuta. Flinn leva une main, signe qu’il était temps de partir. En tête de la cohorte, il s’engagea vers une route en terre qui serpentait dans les reliefs, descendant vers la ville.
La demeure du gouverneur portait les stigmates d’une guerre récente. Des traces de suie et de fumées salissaient les beaux murs blanchis, tandis que les grands pots ornementaux qui auraient dû se dresser les terrasses étaient renversés, leur contenu étalé au sol. Leenk, positionné dans un bosquet voisin de la route, dézooma, et reprit un mode de vision standard.
- Dix hommes, mon commandant. Pas d’armements lourds.
- Un visuel correct ?
- Oui, mon commandant.
- Alors tirez-les d’ici. Et discrètement.
L’ordre fila sans tarder. Une dizaine de secondes plus tard, une série de rafale pareille à quelques flèches silencieuses siffla, et les corps des dix ennemis chutèrent lourdement.
- La voix est libre, confirma Leenk.
- En avant, ajouta Flinn.
L’escouade partit au pas de course jusqu’à l’entrée du domaine. Un des cybernautes affectés aux Confrères se chargea de déjouer le système d’alarme du lieu et ouvrit la porte sans que cela ne lui pose de difficultés particulières. Guillhem se rapprocha à nouveau de Flinn, qui, d’un simple geste, lui confirma que son rôle commençait ici. L’humain ferma les yeux, compta les rebelles présents dans les murs, et remonta à la surface de la réalité tangible.
- Douze à l’intérieur. Huit soldats, plus sérieusement amés, et quatre individus qui semblent être des civils, dont deux femmes.
- Parviens-tu à capter leurs pensées ?
- Pas encore, mon commandant. Nous sommes trop loin.
- Donne leur position au sergent Leenk et aux cybernautes. Ils s’arrangeront pour occuper les soldats. Les hommes que je t’ai assigné et toi, vous filez vers les civils. Ce sont sans doute eux notre cible.
- Vous ne savez pas qui est la personne à intercepter ?
- Trop d’informations sur le sujet. Nous devrons improviser.
Guillhem haussa les épaules, et demanda à trois Confrères de se joindre à lui. Sans se retourner, ils s’engouffrèrent dans les jardins, contournèrent par une galerie sans surveillance le gros des ennemis, empruntèrent un escalier de service et se retrouvèrent dans l’antichambre silencieuse d’un bureau. Des voix étouffées lui parvenaient à travers le mur.
- Adjudant Randir, couvrez moi.
L’intéressé ne se fit pas prier. Guillhem se concentra, tenant de percer la coque intangible de leur propos, pour se retrouver, sans le vouloir vraiment, dans la psyché d’une des femmes. Ce qu’il comprit, l’espace d’un dixième de seconde, lui glaça le sang.
- Randir, faites venir le commandant.
- Maintenant ?
- Il y a urgence, répliqua Guillhem. Je ne suis pas sûr qu’il soit ravit de ce qu’il va trouver, mais nous n’avons pas le choix.
- Mais, que se passe-t-il ?
- Leur chef est une femme. Une certaine Miki O’Hara. Et elle a prévu de faire sauter l’astroport.
Malgré les implants qui barraient une bonne partie de son visage, Randir grimaça.
- Le Dieu-Machine nous ait en sa sainte garde, murmura-t-il en prenant contact avec Leenk.
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